La fiction comme espace de projet

14 Mar

En 1988, Branzi fait cette analyse : Le système mondial vit une situation de saturation, dans laquelle la production se développe entièrement sur les territoires de l’imaginaire et du pur récit.

Nous distinguons plusieurs pistes énoncées par Branzi pour développer le projet dans cette espace de fiction, et ces pistes constituent aujourd’hui des champs majeurs de création d’univers narratifs.

La lecture que fait Branzi du système social est celle d’une matrice stable d’identités, mais aussi de scénarios interchangeables, dans laquelle l’individu se projette et évolue à volonté. L’identité se construit donc à travers des choix symboliques d’attributs (musiques, couleurs, chaussures, tissus, jargons, coiffures…), mais cette matrice est également déplacée vers l’univers imaginaire. On choisit non seulement des attributs « physiques » mais aussi une « fiction personnelle », à travers les modèles de fiction que l’on puise dans les classiques du cinéma, des séries TV, des jeux vidéos…

Le déploiement de cette identité fictive est permis par l’évolution des systèmes de projection du soi, d’augmentation des possibilités d’auto-exposition et de démonstration de son identité : grâce à Facebook, aux blogs, au jeux en réseau, de moi est projeté dans un espace fictif où il peut s’inventer à nouveau et exposer au monde cette nouvelle image-fiction de lui.

L’intégration complète entre réel et fiction dont Branzi distinguait les prémices est aujourd’hui accomplie : l’individu participe à une multiplicité de fictions qu’il intègre dans sa propre identité, alors que lui-même est appelé à créer des scénarios personnels mêlant réalité et fiction : raconter le récit de sa vie sur son « mur », son blog, ses histoires drôles sur  « vdm », écrire son aventure sur World of Warcraft…

Pour Branzi, les surréalistes sont les maitres de la fiction, révélant les liens mystérieux entre les éléments du réel, ils parviennent à augmenter son épaisseur. Cette réalité augmentée se retrouve aujourd’hui dans de nombreux procédés déjà préfigurés par Dali avec son hologramme de Alice Cooper : réalité virtuelle, cinéma 3D (…)

L’électronique a miniaturisé les mécanismes internes de nombreux objets, les transformant en boites vides aux quelles l’homme ne parvient pas à se faire. La réduction de la part mécanique de l’objet le libère de toute contrainte de forme, le téléphone n’a plus d’antenne visible, la radio prend n’importe quelle forme miniature ou fantaisiste. Le design, libéré de la mécanique, peut se déployer dans l’univers imaginaire.

-> Rechercher le développement des espaces de fictions, les projets du design et de l’architecture qui créent de nouveaux scénarios

-> Étude de l’imaginaire de Branzi, quelles sont ses références ? Comment cet imaginaire se développe-t-il aujourd’hui ?

Les villes imaginaires – Italo Calvino

La Société de consommation – Jean Baudrillard

Mythologies – Roland Barthes

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